La possibilité d'un PPT : Romain Gary - La promesse de l'aube. "Je vois la vie comme une grande course de relais où chacun de nous, avant de tomber, doit porter plus loin le défi d'être un homme."
je devais un jour opter pour la littérature, qui me paraissait le dernier refuge, sur cette terre, de tous ceux qui ne savent pas où se fourrer.
La vie est pavée d'occasions perdues.
Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais.
Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu.
Il y a longtemps que je ne crains plus le ridicule ; je sais aujourd'hui que l'homme est quelque chose qui ne peut pas être ridiculisé.
Pas plus à ce moment-là que plus tard, au cours de mon existence, je n'ai cherché à savoir ce qu'il y avait, exactement, derrière les marques d'affection qu'on me prodiguait.
J'ai toujours pensé depuis qu'il vaut mieux avoir quelques miettes de gâteau sur soi, dans la vie, si on veut être aimé d'une manière vraiment désintéressée.
La psychanalyse prend aujourd'hui, comme toutes nos idées, une forme aberrante totalitaire ; elle cherche à nous enfermer dans le carcan de ses propres perversions. Elle a occupé le terrain laissé libre par les superstitions, se voile habilement dans un jargon de sémantique qui fabrique ses propres éléments d'analyse et attire la clientèle par des moyens d'intimidation et de chantage psychiques, un peu comme ces racketters américains qui vous imposent leur protection.
ce refus de discriminer, cette absence, chez moi, de haine, de colère, de rancune, de souvenir, ont pendant longtemps été ce qu'il y avait en moi de plus typiquement non français.
La vérité meurt jeune. Ce que la vieillesse a « appris » est en réalité tout ce qu'elle a oublié, la haute sérénité des vieillards à barbe blanche et au regard indulgent me semble aussi peu convaincante que la douceur des chats émasculés et, alors que l'âge commence à peser sur moi de ses rides et de ses épuisements, je ne triche pas avec moi-même et je sais que, pour l'essentiel, j'ai été et ne serai plus jamais.
La dernière balle est hors de sa portée, et toute son œuvre est faite de cette certitude angoissée.
Mais enfin, la véritable tragédie de Faust, ce n'est pas qu'il ait vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c'est qu'il n'y a pas de diable pour vous acheter votre âme.
je découvris l'humour, cette façon habile et entièrement satisfaisante de désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus.
L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive.
Dont le regard paraissait interroger le monde avec une expression de léger reproche.
Déjà l'humour était pour moi ce qu'il devait demeurer toute ma vie : une aide nécessaire, la plus sûre de toutes.
j'eus le sentiment d'avoir tout de même réussi quelque chose, dans ma vie, et d'avoir été bon père, par abstention.
Je juge les régimes politiques à la quantité de nourriture qu'ils donnent à chacun, et lorsqu'ils y attachent un fil quelconque, lorsqu'ils y mettent des conditions, je les vomis : les hommes ont le droit de manger sans conditions.
J’ai toujours eu la plus grande difficulté à battre les femmes, dans ma vie. Je dois manquer de virilité.
Je vois la vie comme une grande course de relais où chacun de nous, avant de tomber, doit porter plus loin le défi d'être un homme.
Je suis sans rancune envers les hommes de la défaite et de l'armistice de 40. Je comprends fort bien ceux qui avaient refusé de suivre de Gaulle. Ils étaient trop installés dans leurs meubles, qu'ils appelaient la condition humaine. Ils avaient appris et ils enseignaient « la sagesse », cette camomille empoisonnée que l'habitude de vivre verse peu à peu dans notre gosier, avec son goût doucereux d'humilité, de renoncement et d'acceptation.
Parce que tout mon goût du chef-d'œuvre, ma façon instinctive d'aborder la vie comme une œuvre artistique en élaboration, dont la logique cachée mais immuable, serait toujours, en définitive, celle de la beauté
Il me semble parfois que je ne continue moi-même à vivre que par politesse.
Les hommes vous paraissent singulièrement grands, lorsqu'il faut leur creuser une demeure avec les mains.
Elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis.
Aujourd'hui que je n'existe plus, tout m'a été rendu. Les hommes, les peuples, toutes nos légions me sont devenus alliés, je ne parviens pas à épouser leurs querelles intestines et demeure tourné vers l'extérieur, au pied du ciel, comme une sentinelle oubliée.
Que l'on ne s'imagine pas que je jette ici contre les homosexuels une exclusive quelconque. Je n'ai rien contre eux – mais je n'ai rien pour eux non plus.
Toutes les frénésies de l'inceste me paraissent infiniment plus acceptables que celles d'Hiroshima, de Buchenwald, des pelotons d'exécution, de la terreur et de la torture policières, mille fois plus aimables que les leucémies et autres belles conséquences génétiques probables des efforts de nos savants.