C’est quoi l’idée ?
Celui qui lit, aura vécu 5000 ans ; la lecture est une immortalité en sens inverse ; la littérature et la vie c’est pareil. Le métier de planneur stratégique en agence de publicité consiste à connaître les gens ; à vivre d’autres vies que la sienne.
Je suis payé pour vendre des idées, souvent celles des autres, la forme étant le fond qui remonte à la surface elles doivent être bien troussées et présentées non pas comme une découverte mais comme la redécouverte de celles d’illustres individus avant nous.
Rien n’est de moi dans les lignes précédentes, lire sert à ça, à copier et à coller.
Avant, il faut collecter et c’est ce que je fais, chaque lundi à 13h45 dans cette newsletter ; pour mieux les retrouver au besoin.
Père ManQ, raconte-nous une histoire.
Dans cet épisode, Marcel relate la séquestration d’Albertine pour éviter qu’elle ne couche avec son amie “Andrée”. Et ça prend beaucoup de pages.
Au-delà de ça, on en retient quoi ?
De belles définitions de l’amour et de la jalousie.
La jalousie n’est souvent qu’un inquiet besoin de tyrannie appliqué aux choses de l’amour.
J’appelle ici amour une torture réciproque.
L’amour c’est l’espace et le temps rendus sensibles au coeur.
Une phrase que je n’arrive pas à dissocier d’une pub pour le beurre Président.
On a dit que la beauté est une promesse de bonheur. Inversement la possibilité du plaisir peut être un commencement de beauté.
Des idées intéressantes sur le fait de transformer en repas les bruits du marché entendus depuis la rue ; de la musique qui aurait pu être le moyen de communication principal humain si l’évolution ne lui avait pas préféré le langage.
«Voilà des carottes à deux ronds la botte. — Oh! s’écria Albertine, des choux, des carottes, des oranges. Voilà rien que des choses que j’ai envie de manger. Faites-en acheter par Françoise. Elle fera les carottes à la crème. Et puis ce sera gentil de manger tout ça ensemble. Ce sera tous ces bruits que nous entendons, transformés en un bon repas.
Et de même que certains êtres sont les derniers témoins d’une forme de vie que la nature a abandonnée, je me demandais si la musique n’était pas l’exemple unique de ce qu’aurait pu être — s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées — la communication des âmes. Elle est comme une possibilité qui n’a pas eu de suites; l’humanité s’est engagée en d’autres voies, celle du langage parlé et écrit.
Des phrases pour renouveler la forme de vos lieux communs préférés (des paroles aux actes, capter l’attention blabla)
agir est autre chose que parler, même avec éloquence, et que penser, même avec ingéniosité.
Il me semblait que Vinteuil avait manqué là d’inspiration et, en conséquence, je manquai aussi là un peu de force d’attention
Pour finir, une opinion sur la fin de vie
La nature ne semble guère capable de donner que des maladies assez courtes. Mais la médecine s’est annexé l’art de les prolonger.
Citations et idées remarquables.
Ceux qui apprennent sur la vie d’un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas et voient dans le fait nouvellement découvert l’explication de choses qui précisément n’ont aucun rapport avec lui.
Le bien-être résultant pour nous beaucoup moins de notre bonne santé que de l’excédent inemployé de nos forces, nous pouvons y atteindre, tout aussi bien qu’en augmentant celles-ci, en restreignant notre activité.
Les choses dont on parle le plus souvent en plaisantant sont généralement, au contraire, celles qui ennuient, mais dont on ne veut pas avoir l’air d’être ennuyé
On oublie, du reste, vite ce qu’on n’a pas pensé avec profondeur, ce qui vous a été dicté par l’imitation, par les passions environnantes.
Il est, du reste, à remarquer que la constance d’une habitude est d’ordinaire en rapport avec son absurdité. Les choses éclatantes, on ne les fait généralement que par à-coups.
De l’amour, me disais-je à Balbec, on en a pour une personne dont notre jalousie semble plutôt avoir pour objet les actions; on sent que si elle vous les disait toutes, on guérirait peut-être facilement d’aimer.
Il est déjà difficile de dire « pourquoi avez-vous regardé telle passante», mais bien plus «pourquoi ne l’avez-vous pas regardée».
La jalousie n’est souvent qu’un inquiet besoin de tyrannie appliqué aux choses de l’amour.
Il y a des sensibles pour qui la vue dans les yeux des autres des larmes qu’eux-mêmes retiennent est exaspérante. C’est la trop grande ressemblance qui fait que, malgré l’affection, et parfois plus l’affection est grande, la division règne dans les familles.
J’appelle ici amour une torture réciproque.
La vie y est presque toujours la même, d’où les déceptions du voyage.
«Voilà des carottes à deux ronds la botte. — Oh! s’écria Albertine, des choux, des carottes, des oranges. Voilà rien que des choses que j’ai envie de manger. Faites-en acheter par Françoise. Elle fera les carottes à la crème. Et puis ce sera gentil de manger tout ça ensemble. Ce sera tous ces bruits que nous entendons, transformés en un bon repas.
Le problème de continuer la vie en commun ou de revenir à la vie séparée d’autrefois se pose d’une façon presque médicale: auquel des deux sortes de repos faut-il se sacrifier (en continuant le surmenage quotidien, ou en revenant aux angoisses de l’absence?) à celui du cerveau ou à celui du coeur?
On a dit que la beauté est une promesse de bonheur. Inversement la possibilité du plaisir peut être un commencement de beauté.
La curiosité amoureuse est comme celle qu’excitent en nous les noms de pays; toujours déçue, elle renaît et reste toujours insatiable.
On trouve innocent de désirer et atroce que l’autre désire.
La nature ne semble guère capable de donner que des maladies assez courtes. Mais la médecine s’est annexé l’art de les prolonger.
Les rêves ne sont pas réalisables, nous le savons; nous n’en formerions peut-être pas sans le désir, et il est utile d’en former pour les voir échouer et que leur échec instruise.
ce n’est pas un univers, c’est des millions, presque autant qu’il existe de prunelles et d’intelligences humaines, qui s’éveillent tous les matins.
Mais il se fait tous les jours à Paris, dirait Balzac, une sorte de journal parlé, plus terrible que l’autre.
agir est autre chose que parler, même avec éloquence, et que penser, même avec ingéniosité.
Il en est du monde comme du goût sexuel, où l’on ne sait pas jusqu’à quelles perversions il peut arriver quand une fois on a laissé des raisons esthétiques dicter son choix.
Il me semblait que Vinteuil avait manqué là d’inspiration et, en conséquence, je manquai aussi là un peu de force d’attention.
Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est;
Et de même que certains êtres sont les derniers témoins d’une forme de vie que la nature a abandonnée, je me demandais si la musique n’était pas l’exemple unique de ce qu’aurait pu être — s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées — la communication des âmes. Elle est comme une possibilité qui n’a pas eu de suites; l’humanité s’est engagée en d’autres voies, celle du langage parlé et écrit.
je me suis opposé à ce que vous invitiez de ces personnes-diviseurs qui, devant les êtres prépondérants que je vous amenais, eussent joué le rôle de virgules dans un chiffre, les autres réduites à n’être que de simples dixièmes.
comme ces jaloux qui permettent qu’on les trompe, mais sous leur toit et même sous leurs yeux, c’est-à-dire qu’on ne les trompe pas,
Mais nous nous représentons l’avenir comme un reflet du présent projeté dans un espace vide, tandis qu’il est le résultat, souvent tout prochain, de causes qui nous échappent pour la plupart.
en amour, il est plus facile de renoncer à un sentiment que de perdre une habitude.
Il semble que dans la vie mondaine, reflet insignifiant de ce qui se passe en amour, la meilleure manière qu’on vous recherche, c’est de se refuser.
les grands littérateurs n’ont jamais fait qu’une seule oeuvre, ou plutôt n’ont jamais que réfracté à travers des milieux divers une même beauté qu’ils apportent au monde.
L’amour c’est l’espace et le temps rendus sensibles au coeur.
nous trouvons de tout dans notre mémoire; elle est une espèce de pharmacie, de laboratoire de chimie, où on met, au hasard, la main tantôt sur une drogue calmante, tantôt sur un poison dangereux.
L’inconnu de la vie des êtres est comme celui de la nature, que chaque découverte scientifique ne fait que reculer mais n’annule pas.
Il semble que les événements soient plus vastes que le moment où ils ont lieu et ne peuvent y tenir tout entiers.
Depuis qu’Albertine n’avait plus l’air d’être fâchée contre moi, sa possession ne me semblait plus un bien en échange duquel on est prêt à donner tous les autres.
c’est le matin où il sort pour un duel qui va se dérouler dans des conditions particulièrement dangereuses; alors, lui apparaît tout d’un coup, au moment où elle va peut-être lui être enlevée, le prix d’une vie de laquelle il aurait pu profiter pour commencer une œuvre ou seulement goûter des plaisirs, et dont il n’a su jouir en rien. «Si je pouvais ne pas être tué, se dit-il, comme je me mettrais au travail à la minute même, et aussi comme je m’amuserais.» La vie a pris en effet soudain, à ses yeux, une valeur plus grande, parce qu’il met dans la vie tout ce qu’il semble qu’elle peut donner, et non pas le peu qu’il lui fait donner habituellement. Il la voit selon son désir, non telle que son expérience lui a appris qu’il savait la rendre, c’est-à-dire si médiocre!
Elle s’est, à l’instant, remplie des labeurs, des voyages, des courses de montagnes, de toutes les belles choses qu’il se dit que la funeste issue de ce duel pourra rendre impossibles, alors qu’elles l’étaient avant qu’il fût question de duel, à cause des mauvaises habitudes qui, même sans duel, auraient continué. Il revient chez lui sans avoir été même blessé, mais il retrouve les mêmes obstacles aux plaisirs, aux excursions, aux voyages, à tout ce dont il avait craint un instant d’être à jamais dépouillé par la mort; il suffit pour cela de la vie.
Au reste, si l’on cherche à faire tenir dans une formule la loi de nos curiosités amoureuses, il faudrait la chercher dans le maximum d’écart entre une femme aperçue et une femme approchée, caressée. Si les femmes de ce que l’on appelait autrefois les maisons closes, si les cocottes elles-mêmes (à condition que nous sachions qu’elles sont des cocottes) nous attirent si peu, ce n’est pas qu’elles soient moins belles que d’autres, c’est qu’elles sont toutes prêtes; que ce qu’on cherche précisément à atteindre, elles nous l’offrent déjà; c’est qu’elles ne sont pas des conquêtes. L’écart, là, est à son minimum. Une grue nous sourit déjà dans la rue comme elle le fera près de nous. Nous sommes des sculpteurs, nous voulons obtenir d’une femme une statue entièrement différente de celle qu’elle nous a présentée.