Planneur Romantique #46

La possibilité d'un PPT : Milan Kundera - L’insoutenable légèreté de l’être

La possibilité d'un PPT
9 min ⋅ 26/08/2024

C’est quoi l’idée ?

Celui qui lit, aura vécu 5000 ans ; la lecture est une immortalité en sens inverse ; la littérature et la vie c’est pareil. Le métier de planneur stratégique en agence de publicité consiste à connaître les gens ; à vivre d’autres vies que la sienne.

Je suis payé pour vendre des idées, souvent celles des autres, la forme étant le fond qui remonte à la surface elles doivent être bien troussées et présentées non pas comme une découverte mais comme la redécouverte de celles d’illustres individus avant nous.

Rien n’est de moi dans les lignes précédentes, lire sert à ça, à copier et à coller.
Avant, il faut collecter et c’est ce que je fais, chaque lundi à 13h45 dans cette newsletter ; pour mieux les retrouver au besoin.


Père ManQ, raconte-nous une histoire.

Salut les nazes, vous avez lu quoi cet été ?
Les quatre accords Toltèques ? Faites votre glucose révolution ? Kilomètre zéro : Le chemin du bonheur ? Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même ? Un petit Lucinda Riley ?
(Top ventes août)

Moi, j’ai profité de mes 2 semaines (à l’américaine, 15 jours pas plus) pour relire le plus grand roman de la seconde moitié du XXe siècle : L’insoutenable légèreté de l’être de Kundera.

(En plus été, j’ai ajouté un titre à ma (assez courte) liste “si t’aimes pas je te rembourse” : La Mort selon Turner de Willocks que l’Express présente comme suit :

D'une précision chirurgicale, Willocks remue viscères et fluides corporels dans la gueule de la Géhenne, un infini de sable jonché de squelettes où se perd tout sentiment d'humanité.


C’est compliqué d’introduire un Kundera, surtout celui-là, sans dire trop d’âneries.
Je vais prudemment me contenter de lister les raisons qui font que je l’aime.

  • J’aime ce roman parce qu’il prend le temps d’expliquer des concepts pas simples (l’éternel retour) ;

  • J’aime ce roman pour ses anecdotes historiques never heard before (la mort du fils de Staline, le Es muss Sein de Beethoven ou encore la scène de Nietzche et du cheval précipitant sa folie – peut-être que tout est faux) ;

  • J’aime ce roman pour son érudition étymologique, lorsqu’il nous initie aux sens différents de mots en fonction de la racine du langage (compassion – co-sentiment)

  • J’aime ce roman parce que je crois, comme lui, que toute personne voit le monde à travers son motif propre, acquis lors d’un événement fondateur, duquel toutes nos actions découlent.

Car c’est bien ainsi qu’est composée la vie humaine. Elle est composée comme une partition musicale. L’être humain, guidé par le sens de la beauté, transpose l’événement fortuit (une musique de Beethoven, une mort dans une gare) pour en faire un motif qui va ensuite s’inscrire dans la partition de sa vie. Il y reviendra, le répétera, le modifiera, le développera, le transposera comme fait le compositeur avec les thèmes de sa sonate.

  • Plus modestement, j’aime qu’on me révèle le sens de la vie.

  • La définition du Kitch, évidement.

  • J’aime aussi ce roman parce qu’il explique pourquoi on déprime toujours après avoir réalisé ce que l’on croyait vouloir.

Le drame d’une vie peut toujours s’expliquer par la métaphore de la pesanteur. On dit qu’un fardeau nous est tombé sur les épaules. On porte ce fardeau, on le supporte ou on ne le supporte pas. On lutte avec lui, on perd ou on gagne. Mais au juste, qu’était-il arrivé à Sabina ? Rien. Elle avait quitté un homme parce qu’elle voulait le quitter. L’avait-il poursuivie après cela ? Avait-il cherché à se venger ? Non. Son drame n’était pas le drame de la pesanteur, mais de la légèreté. Ce qui s’était abattu sur elle, ce n’était pas un fardeau, mais l’insoutenable légèreté de l’être.


  • Plus prosaïquement, j’aime Kundera parce qu’il me permet de répondre à un client ou un collègue qui me demande de m’assurer qu’une décision stratégique est la bonne :

Il n’existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n’existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation
Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même ? C’est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse.

Une phrase de Kundera est un argument d’autorité.
Personne ne vous contredira jamais si vous le citez pour soutenir un propos.
Kundera a toujours raison, comme si son écriture tenait plus de la science « dure » que de la littérature.  

Les passages sont encore plus longs et abscons que d’habitude. Deal with it.

Bonne rentrée.

Citations et idées remarquables.

Le mythe de l’éternel retour nous dit, par la négation, que la vie qui va disparaître une fois pour toutes et ne reviendra pas est semblable à une ombre, qu’elle est sans poids, qu’elle est morte dès aujourd’hui, et qu’aussi atroce, aussi belle, aussi splendide fût-elle, cette beauté, cette horreur, cette splendeur n’ont aucun sens.

Si la Révolution française devait éternellement se répéter, l’historiographie française serait moins fière de Robespierre. Mais comme elle parle d’une chose qui ne reviendra pas, les années sanglantes ne sont plus que des mots, des théories, des discussions, elles sont plus légères qu’un duvet, elles ne font pas peur. Il y a une énorme différence entre un Robespierre qui n’est apparu qu’une seule fois dans l’histoire et un Robespierre qui reviendrait éternellement couper la tête aux Français.

 

Dans le monde de l’éternel retour, chaque geste porte le poids d’une insoutenable responsabilité. C’est ce qui faisait dire à Nietzsche que l’idée de l’éternel retour est le plus lourd fardeau (das schwerste Gewicht).

 

Il n’existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n’existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation.

 

Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même ? C’est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse.

 

L’amour ne se manifeste pas par le désir de faire l’amour (ce désir s’applique à une innombrable multitude de femmes) mais par le désir du sommeil partagé (ce désir-là ne concerne qu’une seule femme).

 

Dans les langues dérivées du latin le mot compassion signifie que l’on ne peut regarder d’un cœur froid la souffrance d’autrui ; autrement dit : on a de la sympathie pour celui qui souffre. Un autre mot, qui a à peu près le même sens, pitié (en anglais pity, en italien pietà, etc.), suggère même une sorte d’indulgence envers l’être souffrant. Avoir de la pitié pour une femme, c’est être mieux loti qu’elle, c’est s’incliner, s’abaisser jusqu’à elle. C’est pourquoi le mot compassion inspire généralement la méfiance ; il désigne un sentiment considéré comme de second ordre qui n’a pas grand-chose à voir avec l’amour. Aimer quelqu’un par compassion, ce n’est pas l’aimer vraiment. Dans les langues qui forment le mot compassion non pas avec la racine « passio = souffrance », mais avec le substantif « sentiment », le mot est employé à peu près dans le même sens, mais on peut difficilement dire qu’il désigne un sentiment mauvais ou médiocre. La force secrète de son étymologie baigne le mot d’une autre lumière et lui donne un sens plus large : avoir de la compassion (co-sentiment), c’est pouvoir vivre avec l’autre son malheur mais aussi sentir avec lui n’importe quel autre sentiment : la joie, l’angoisse, le bonheur, la douleur. Cette compassion-là (au sens de souci, wspolczucie, Mitgefühl, medkänsla) désigne donc la plus haute capacité d’imagination affective, l’art de la télépathie des émotions. Dans la hiérarchie des sentiments, c’est le sentiment suprême.

 

Celui qui veut quitter le lieu où il vit n’est pas heureux.

 

Il avait derrière lui sept années de vie avec Tereza et voilà qu’il constatait que ces années étaient plus belles dans le souvenir qu’à l’instant où il les avait vécues.

 

À la différence de Parménide, Beethoven considérait la pesanteur comme quelque chose de positif. « Der schwer gefasste Entschluss », la décision gravement pesée est associée à la voix du Destin (« Es muss sein ! ») ; la pesanteur, la nécessité et la valeur sont trois notions intimement et profondément liées : n’est grave que ce qui est nécessaire, n’a de valeur que ce qui pèse.

 

 

L’homme, parce qu’il n’a qu’une seule vie, n’a aucune possibilité de vérifier l’hypothèse par l’expérience de sorte qu’il ne saura jamais s’il a eu tort ou raison d’obéir à son sentiment.

 

Seul le hasard peut être interprété comme un message. Ce qui arrive par nécessité, ce qui est attendu et se répète quotidiennement n’est que chose muette. Seul le hasard est parlant.

 

Car c’est bien ainsi qu’est composée la vie humaine. Elle est composée comme une partition musicale. L’être humain, guidé par le sens de la beauté, transpose l’événement fortuit (une musique de Beethoven, une mort dans une gare) pour en faire un motif qui va ensuite s’inscrire dans la partition de sa vie. Il y reviendra, le répétera, le modifiera, le développera, le transposera comme fait le compositeur avec les thèmes de sa sonate.

 

L’homme, à son insu ; compose sa vie d’après les lois de la beauté jusque dans les instants du plus profond désarroi.

 

Elle dit : « Et pourquoi ne te sers-tu pas de ta force contre moi, de temps en temps ? — Parce qu’aimer c’est renoncer à la force », dit Franz doucement. Sabina comprit deux choses : premièrement, que cette phrase était belle et vraie. Deuxièmement, qu’avec cette phrase Franz venait de s’exclure de sa vie érotique.

 

Pour Sabina, vivre dans la vérité, ne mentir ni à soi-même ni aux autres, ce n’est possible qu’à la condition de vivre sans public. Dès lors qu’il y a un témoin à nos actes, nous nous adaptons bon gré mal gré aux yeux qui nous observent, et plus rien de ce que nous faisons n’est vrai.

 

Le drame d’une vie peut toujours s’expliquer par la métaphore de la pesanteur. On dit qu’un fardeau nous est tombé sur les épaules. On porte ce fardeau, on le supporte ou on ne le supporte pas. On lutte avec lui, on perd ou on gagne. Mais au juste, qu’était-il arrivé à Sabina ? Rien. Elle avait quitté un homme parce qu’elle voulait le quitter. L’avait-il poursuivie après cela ? Avait-il cherché à se venger ? Non. Son drame n’était pas le drame de la pesanteur, mais de la légèreté. Ce qui s’était abattu sur elle, ce n’était pas un fardeau, mais l’insoutenable légèreté de l’être.

 

le but que l’on poursuit est toujours voilé. Une jeune fille qui a envie d’un mari a envie d’une chose qui lui est tout à fait inconnue. Le jeune homme qui court après la gloire n’a aucune idée de ce qu’est la gloire. Ce qui donne un sens à notre conduite nous est toujours totalement inconnu.

 

Qu’est-ce que la coquetterie ? On pourrait dire que c’est un comportement qui doit suggérer que le rapprochement sexuel est possible, sans que cette éventualité puisse être perçue comme une certitude. Autrement dit, la coquetterie est une promesse de coït, mais une promesse sans garantie.

 

Le plus souvent, on se réfugie dans l’avenir pour échapper à la souffrance. On imagine une ligne sur la piste du temps, et qu’au-delà la souffrance présente cessera d’exister.

 

Si l’on peut classer les êtres en catégories, c’est certainement d’après ces désirs profonds qui les guident vers telle ou telle activité qu’ils exercent toute leur vie durant. Chaque Français est différent. Mais tous les acteurs du monde se ressemblent — à Paris, à Prague, et jusque dans le plus modeste théâtre de province. Est acteur celui qui accepte depuis l’enfance d’exposer toute sa vie au public anonyme. Sans ce consentement fondamental qui n’a rien à voir avec le talent, qui est quelque chose de plus profond que le talent, on ne peut pas devenir acteur. De même, le médecin est celui qui accepte de s’occuper toute sa vie durant et avec toutes les conséquences, de corps humains. C’est cet accord fondamental (nullement le talent ou l’habileté) qui lui permet d’entrer en première année dans la salle de dissection et de devenir médecin six ans plus tard.

 

Ce fut peut-être ce désir qui donna à Tomas l’envie d’aller voir ce qu’il y avait de l’autre côté, au-delà de 1’ « es muss sein ! » ; autrement dit : d’aller voir ce qui reste de la vie quand l’homme s’est débarrassé de tout ce qu’il a jusqu’ici tenu pour sa mission.

 

Entre Hitler et Einstein, entre Brejnev et Soljénitsyne, il y a beaucoup plus de ressemblances que de différences. Si l’on voulait exprimer cette idée par un chiffre, on pourrait dire qu’il y a entre eux un millionième de dissemblable et neuf cent quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf millionièmes de semblable.

 

Il semble qu’il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu’on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté.

 

les métaphores sont dangereuses. L’amour commence par une métaphore. Autrement dit : l’amour commence à l’instant où une femme s’inscrit avec une de ses paroles dans notre mémoire poétique.

 

Les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées.

 

Ce n’est qu’en 1980, par un article publié dans le Sunday Times, qu’on a appris comment est mort le fils de Staline, Iakov. Prisonnier de guerre en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, il était interné dans le même camp que des officiers anglais. Ils avaient des latrines communes. Le fils de Staline les laissait toujours sales. Les Anglais n’aimaient pas voir leurs latrines souillées de merde, fût-ce de la merde du fils de l’homme alors le plus puissant de l’univers. Ils le lui reprochèrent. Il en prit ombrage. Ils répétèrent leurs remontrances, l’obligeant à nettoyer les latrines. Il se fâcha, se disputa avec eux, se battit. Finalement, il demanda audience au commandant du camp. Il voulait qu’il arbitre leur différend. Mais l’Allemand était trop imbu de son importance pour discuter de merde. Le fils de Staline ne put supporter l’humiliation. Proférant vers le ciel d’atroces jurons russes, il s’élança vers les barbelés sous courant à haute tension qui entouraient le camp. Il se laissa choir sur les fils. Son corps qui ne souillerait plus jamais les latrines britanniques y resta suspendu.

 

Lorsque le cœur a parlé, il n’est pas convenable que la raison élève des objections.

 

Aussi le kitsch n’a-t-il que faire de l’insolite ; il fait appel à des images clés, profondément ancrées dans la mémoire des hommes : la fille ingrate, le père abandonné, des gosses courant sur une pelouse, la patrie trahie, le souvenir du premier amour. Le kitsch fait naître coup sur coup deux larmes d’émotion. La première larme dit : Comme c’est beau, des gosses courant sur une pelouse ! La deuxième larme dit : Comme c’est beau d’être ému avec toute l’humanité à la vue de gosses courant sur une pelouse ! Seule cette deuxième larme fait que le kitsch est le kitsch. La fraternité de tous les hommes ne pourra jamais avoir d’autre base que le kitsch.

 

Nous avons tous besoin d’être regardés. On pourrait nous ranger en quatre catégories selon le type de regard sous lequel nous voulons vivre. La première cherche le regard d’un nombre infini d’yeux anonymes, autrement dit le regard du public.

 

Dans la deuxième catégorie, il y a ceux qui ne peuvent vivre sans le regard d’une multitude d’yeux familiers. Ce sont les inlassables organisateurs de cocktails et de dîners. Ils sont plus heureux que les gens de la première catégorie qui, lorsqu’ils perdent leur public, s’imaginent que les lumières se sont éteintes dans la salle de leur vie.

 

Vient ensuite la troisième catégorie, la catégorie de ceux qui ont besoin d’être sous les yeux de l’être aimé. Leur condition est tout aussi dangereuse que celle des gens du premier groupe. Que les yeux de l’être aimé se ferment, la salle sera plongée dans l’obscurité.

 

Enfin, il y a la quatrième catégorie, la plus rare, ceux qui vivent sous les regards imaginaires d’êtres absents. Ce sont les rêveurs.

 

Avant d’être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c’est la station de correspondance entre l’être et l’oubli.

 

En même temps, une autre image m’apparaît : Nietzsche sort d’un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de cravache. Nietzsche s’approche du cheval, il lui prend l’encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots. Ça se passait en 1889 et Nietzsche s’était déjà éloigné, lui aussi, des hommes. Autrement dit : c’est précisément à ce moment-là que s’est déclarée sa maladie mentale. Mais, selon moi, c’est bien là ce qui donne à son geste sa profonde signification. Nietzsche était venu demander au cheval pardon pour Descartes. Sa folie (donc son divorce d’avec l’humanité) commence à l’instant où il pleure sur le cheval.

 

C’était ta mission, d’opérer ! — Mission, Tereza, c’est un mot idiot. Je n’ai pas de mission. Personne n’a de mission. Et c’est un énorme soulagement de s’apercevoir qu’on est libre, qu’on n’a pas de mission. »

Ça s’était passé comme ça : un certain Monsieur Dembscher devait cinquante forint à Beethoven, et le compositeur, éternellement sans le sou, vint les lui réclamer. « Muss es sein ? le faut-il ? » soupira le pauvre M. Dembscher, et Beethoven répliqua avec un rire gaillard : « Es muss sein ! il le faut ! », inscrivit aussitôt ces mots dans son calepin et composa sur ce motif réaliste une petite pièce pour quatre voix : trois voix chantent « es muss sein, ja, ja, ja, il le faut, il le faut, oui, oui, oui », et la quatrième voix ajoute : « heraus mit dem Beutel ! sors ta bourse ! » Le même motif devint un an plus tard le noyau du quatrième mouvement du dernier quatuor opus 135. Beethoven ne pensait plus du tout à la bourse de Dembscher. Les mots « es muss sein ! » prenaient pour lui une tonalité de plus en plus solennelle comme s’ils avaient été proférés par le Destin. Dans la langue de Kant, même « bonjour ! », convenablement articulé, peut ressembler à une thèse métaphysique. L’allemand est une langue de mots lourds. « Es muss sein ! » n’était plus du tout une plaisanterie mais « der schwer gefasste Entschluss » ; « il le faut » était devenu la décision gravement pesée. Beethoven avait donc mué une inspiration comique en quatuor sérieux, une plaisanterie en vérité métaphysique. C’est un exemple intéressant du passage du léger au lourd

 

La possibilité d'un PPT

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Par Emmanuel Quéré