C’est quoi l’idée ?
Celui qui lit, aura vécu 5000 ans ; la lecture est une immortalité en sens inverse ; la littérature et la vie c’est pareil. Le métier de planneur stratégique en agence de publicité consiste à connaître les gens ; à vivre d’autres vies que la sienne.
Je suis payé pour vendre des idées, souvent celles des autres, la forme étant le fond qui remonte à la surface elles doivent être bien troussées et présentées non pas comme une découverte mais comme la redécouverte de celles d’illustres individus avant nous.
Rien n’est de moi dans les lignes précédentes, lire sert à ça, à copier et à coller.
Avant, il faut collecter et c’est ce que je fais, chaque lundi à 13h45 dans cette newsletter ; pour mieux les retrouver au besoin.
Père ManQ, raconte-nous une histoire.
Aujourd’hui, deux questions existentielles définitivement répondues.
Pourquoi les fumeurs fument ?
(En ce mois sans tabac j’ai entendu, pourtant sur France Inter, un éminent tabacologue parler de la nicotine comme une drogue sans intérêt. He is a fraud!).
La nicotine est une drogue parfaite, une drogue simple et dure, qui n’apporte aucune joie, qui se définit entièrement par le manque, et par la cessation du manque.
La nicotine offre, entre le manque et la cessation du manque une raison de vivre.
J’en conclus que Tabacologue c’est comme nutritionniste, c’est niveau BTS.
La seconde : pourquoi les Parisiens en vacances se ruent dans les centres Leclerc lorsqu’ils passent leurs vacances en province ?
La réponse à la fin de cette newsletter.
Citations et idées remarquables.
La nicotine est une drogue parfaite, une drogue simple et dure, qui n’apporte aucune joie, qui se définit entièrement par le manque, et par la cessation du manque.
Ses bagages je les connaissais bien, à force, c’était une marque célèbre que j’avais oubliée, Zadig et Voltaire ou bien Pascal et Blaise,
je pris l’habitude de manger seul, dans ce bar à tapas en effet assez sympa où j’avais laissé passer l’occasion de m’attabler avec la châtain d’Al Alquian, puis au fil des jours je me résignai à y passer toutes mes après-midi, dans cet espace de temps commercialement atone mais socialement incompressible qui sépare en Europe le déjeuner du dîner.
la Hollande n’est pas un pays c’est tout au plus une entreprise
je tentai une grimace à la fois affirmative, désolée, complice et modeste – enfin, c’était une grimace difficile à réussir.
J’avais préparé ma valise dès la veille, je n’avais plus rien à faire avant mon départ. Il était un peu triste de constater que je n’avais aucun souvenir personnel à emmener : aucune lettre, aucune photo ni même aucun livre, tout cela tenait sur mon Macbook Air, un mince parallélépipède d’aluminium brossé, mon passé pesait 1100 grammes.
Je croyais jusque-là le segment du minimarket entièrement dominé, à Paris et dans la petite couronne, par les Daily Monop’ ; j’aurais dû me douter qu’une enseigne comme Carrefour, lorsqu’elle entrait sur un nouveau marché, « n’y entrait pas », comme le rappelait récemment son PDG dans une interview à Challenges, « pour faire de la figuration ».
Plus personne ne sera heureux en Occident, pensait-elle encore, plus jamais, nous devons aujourd’hui considérer le bonheur comme une rêverie ancienne, les conditions historiques n’en sont tout simplement plus réunies.
Je n’avais pour ma part aucune opinion sur Blanchot, je me souvenais juste d’un amusant paragraphe de Cioran dans lequel il explique que Blanchot est l’auteur idéal pour apprendre à taper à la machine, parce qu’on n’est pas « dérangé par le sens ».
Je ne crois pas faire erreur en comparant le sommeil à l’amour ; je ne crois pas me tromper en comparant l’amour à une sorte de rêve à deux, avec il est vrai des petits moments de rêve individuel, des petits jeux de conjonctions et de croisements, mais qui permet en tout cas de transformer notre existence terrestre en un moment supportable – qui en est même, à vrai dire, le seul moyen.
Les hommes en général ne savent pas vivre, ils n’ont aucune vraie familiarité avec la vie, ils ne s’y sentent jamais tout à fait à leur aise, aussi poursuivent-ils différents projets, plus ou moins ambitieux plus ou moins grandioses c’est selon, en général bien entendu ils échouent et parviennent à la conclusion qu’ils auraient mieux fait, tout simplement, de vivre, mais en général aussi il est trop tard.
et voilà que je me retrouvais seul, plus seul que je ne l’avais jamais été, enfin j’avais le houmous, adapté aux plaisirs solitaires, mais la période des fêtes c’est plus délicat, il aurait fallu un plateau de fruits de mer, or ce sont là des choses qui se partagent, un plateau de fruits de mer en solitaire c’est une expérience ultime, même Françoise Sagan n’aurait pas pu décrire cela, c’est vraiment trop gore.
Les conversations sur l’économie sont un peu semblables aux conversations sur les cyclones ou les tremblements de terre ; on finit assez vite par ne plus comprendre de quoi on parle,
« Quand notre cœur a fait une fois sa vendange / Vivre est un mal » écrivait plus justement Baudelaire, cette histoire de familles recomposées n’était à mon avis qu’une dégoûtante foutaise, quand bien même il ne s’agissait pas d’une propagande pure, optimiste et postmoderne, décalée, dédiée aux CSP+ et CSP++, inaudible au-delà de la porte de Charenton.
Je n’avais jamais, à mon âge, mis les pieds dans un centre Leclerc. Je fus ébloui. Jamais je n’aurais imaginé l’existence d’un magasin aussi richement achalandé, ce genre de choses était inconcevable à Paris.