C’est quoi l’idée ?
Celui qui lit, aura vécu 5000 ans ; la lecture est une immortalité en sens inverse ; la littérature et la vie c’est pareil. Le métier de planneur stratégique en agence de publicité consiste à connaître les gens ; à vivre d’autres vies que la sienne.
Je suis payé pour vendre des idées, souvent celles des autres, la forme étant le fond qui remonte à la surface elles doivent être bien troussées et présentées non pas comme une découverte mais comme la redécouverte de celles d’illustres individus avant nous.
Rien n’est de moi dans les lignes précédentes, lire sert à ça, à copier et à coller.
Avant, il faut collecter et c’est ce que je fais, chaque lundi à 13h45 dans cette newsletter ; pour mieux les retrouver au besoin.
Père ManQ, raconte-nous une histoire.
Avant la publication du DSM-5-TR, Hermann Hesse était bipolaire.
Aujourd’hui, sans trop de diplômes ni de risques de se tromper, on pourrait également lui attribuer un TAG et un TDAH.
C’est vraiment l’Emmanuel Carrère du siècle dernier. Le Nobel en plus, les scènes de cul en moins.
Un type intranquille, in search of the sens de la vie à travers des romans autobiographiques déguisés. Dans la spiritualité (Siddhartha), dans les "sens" (Le Loup des Steppes) ; quant au Jeu des perles de verre, si quelqu’un y a compris quelque chose, éclairez-moi.
Si vous voulez un vrai résumé, allez sur Babelio. (Un des commentaires dit simplement : “plus rien de valable n’a été écrit depuis”)
Pour ma part, je me contenterai de vous informer que le nom du groupe de rock Steppenwolf (mais si : Born To Be Wild) vient de là.
Si ça ne vous touche pas, je vous le rembourse.
Citations et idées remarquables.
Je me rendis compte de plus en plus que sa maladie n’était pas due à des défaillances de sa nature, mais, au contraire, uniquement à sa surabondance de dons et de forces.
La journée avait passé comme toutes les journées passent ; je l’avais doucement assassinée avec mon espèce d’art de vivre timide et primitif ; j’avais travaillé un peu, j’avais manié de vieux livres ; deux heures durant, j’avais eu des douleurs comme en ont les gens âgés, j’avais pris un cachet et m’étais réjoui
je ne puis tenir longtemps ni dans un cinéma ni dans un théâtre ; à peine puis-je lire un journal, rarement un livre contemporain ; je ne comprends pas quelle est cette jouissance que les hommes cherchent dans les hôtels et les trains bondés, dans les cafés regorgeant de monde, aux sons d’une musique forcenée, dans les bars, les boîtes de nuit, les villes de luxe, les expositions universelles, les conférences destinées aux pauvres d’esprit avides de s’instruire, les corsos, les stades : tous ces plaisirs qui me seraient accessibles et que des milliers d’autres convoitent et poursuivent au prix d’efforts, je ne puis ni les comprendre ni les partager.
Le propre du « suicidé » – et Harry l’était – n’est pas de se trouver forcément en relations constantes avec la mort, mais de sentir son moi, à tort ou à raison n’importe, comme un germe particulièrement dangereux, douteux, menaçant et menacé de la nature ; c’est de se croire toujours exposé au danger, comme s’il se trouvait sur la pointe extrême d’un rocher d’où la moindre poussée du dehors et la moindre faiblesse du dedans peuvent suffire à le précipiter dans le vide.
On reconnaît ces hommes à une ligne de destin qui prouve que, pour eux, le genre de mort le plus vraisemblable est le suicide, du moins dans leur imagination. Cet état d’âme, qui se manifeste presque toujours dans leur première jeunesse et ne les quitte pas de toute leur vie, n’est pas conditionné par une trop faible vitalité ; au contraire, on trouve parmi les suicidés des natures extraordinairement tenaces, avides et même téméraires. Mais, de même qu’il est des tempéraments chez qui la moindre indisposition provoque la fièvre, de même, chez ceux que nous appelons suicidés et qui sont toujours infiniment sensibles et impressionnables, le moindre bouleversement provoque l’abandon à l’idée de la mort.
On ne peut vivre intensément qu’aux dépens du moi.
Il est facile au possédé divin d’admettre le criminel, et inversement ; mais, à eux deux et à tous les autres absolus, il est impossible d’admettre en outre le bourgeoisisme, cette moyenne neutre et tiède. Seul l’humour, trouvaille splendide des êtres entravés dans leur destination de grandeur, des presque-tragiques, des malheureux trop bien doués, seul l’humour (création la plus singulière et peut-être la plus géniale de l’humanité) réalise cette chose impossible, juxtapose et unit toutes les sphères humaines sous les radiations de ses prismes.
L’homme n’est point capable de penser dans une grande mesure, et même le plus cultivé, le plus intelligent d’entre les humains ne voit le monde et surtout il se voit lui-même qu’à travers les lunettes de formules naïves, simplifiantes et falsificatrices.
De corps, chaque homme est un ; d’âme, jamais.
les héros des épopées hindoues ne sont pas des personnes, mais des faisceaux de personnes, des séries d’incarnations.
Non, le « retour à la nature » fait toujours suivre à l’homme une fausse route pénible et sans espoir.
Obéir, c’est comme boire et manger : rien ne vaut ça quand on en manque depuis longtemps.
Comment, tu oses dire que tu t’es donné du mal dans la vie, quand tu ne sais même pas danser ?
La lutte contre la mort, mon cher Harry, est toujours une chose belle, magnifique et respectable, de même que la lutte contre la guerre. Mais c’est en même temps du don-quichottisme sans issue.
Tu avais en toi une image de la vie, une croyance, une exigence, tu étais prêt à des exploits, des souffrances, des sacrifices ; et puis, peu à peu, tu remarquas que le monde n’exigeait de toi aucun exploit et aucun sacrifice, que la vie n’est pas une épopée héroïque avec des rôles en vedette, mais une cuisine bourgeoise, où l’on se contente de boire et de manger, de prendre un café, de tricoter des bas, de jouer aux cartes et d’écouter la T.S.F. Et celui qui veut et qui a en lui autre chose : l’héroïque, le beau, l’adoration des grands poètes, la piété pour les saints, n’est qu’un imbécile et un don Quichotte.
Vous devez vivre, et vous devez apprendre à rire. Vous devez apprendre à écouter la sacrée T.S.F. de la vie, à révérer l’esprit à travers elle, à blaguer les niaiseries en elle. C’est tout, on ne vous demande pas autre chose.