C’est quoi l’idée ?
Celui qui lit, aura vécu 5000 ans ; la lecture est une immortalité en sens inverse ; la littérature et la vie c’est pareil. Le métier de planneur stratégique en agence de publicité consiste à connaître les gens ; à vivre d’autres vies que la sienne.
Je suis payé pour vendre des idées, souvent celles des autres, la forme étant le fond qui remonte à la surface elles doivent être bien troussées et présentées non pas comme une découverte mais comme la redécouverte de celles d’illustres individus avant nous.
Rien n’est de moi dans les lignes précédentes, lire sert à ça, à copier et à coller.
Avant, il faut collecter et c’est ce que je fais, chaque lundi à 13h45 dans cette newsletter ; pour mieux les retrouver au besoin.
Père ManQ, raconte-nous une histoire.
Je pensais que vous alliez me lâcher à un moment, mais les stats sont toujours aussi solides.
Vous êtes 133 pour un taux d’ouverture moyen qui avoisine les 70 %, et 18 à avoir rejoint mon cursus diplômant en planning stratégique sur LinkedIn. N’hésitez pas à l’ajouter à vos études/formations ; il n’est pas impossible que je puisse obtenir des subventions d’une manière ou d’une autre.
Le 3ᵉ tome, c’est le calme avant les tempêtes Sodome et Gomorrhe et La Prisonnière.
Le passage dans l’œuvre d’une forme de gaieté à une autre.
Deux volumes pour se construire une image hétérosexuelle irréprochable, en affichant et en jugeant moralement celles des autres, avec la surenchère perpétuelle de celui qui, venant de lâcher un pet, cherche avec insistance l’assentiment olfactif de ses voisins : « Quelqu’un a pété, je vous jure ça sent, non ? »
Dans la bien nommée La Prisonnière, il évolue d’hétéro à Mascu (classic shit) et, par peur que sa compagne le trompe avec une autre femme, la séquestre chez lui.
On a les prémices d’un contenu qui devient borderline avec cette considération sur le consentement.
(Il n’y a pas de honte à devoir relire plusieurs fois pour bien comprendre) :
Un plan incliné rapproche assez vite le désir de la jouissance pour que la seule beauté apparaisse déjà comme un consentement.
Ici, et pour cette année, on retiendra particulièrement les considérations sur pourquoi une idée vraiment nouvelle, en rupture, ne peut pas immédiatement être aimée. Ou, dans notre cas, achetée par un directeur marketing. Bill Bernbach disait quelque chose comme ça aussi.
Ce sont les œuvres vraiment belles, si elles sont sincèrement écoutées, qui doivent le plus nous décevoir, parce que, dans la collection de nos idées, il n’y en a aucune qui réponde à une impression individuelle.
Mais la vraie beauté est si particulière, si nouvelle, qu’on ne la reconnaît pas comme de la beauté.
N’hésitez pas à offrir un abonnement payant à vos proches pour Noël.
Mon livre de l’année est toujours Le Déluge de Stephen Markley. Nicolas Demorant n’en a pas encore parlé mais Lire vient de l’élire livre de l’année. Ouf. Je pensais encore avec raison tout seul.
On se retrouve en 2025.
Take care.
Citations et idées remarquables.
Emménager, habiter un autre quartier, c’était comme prendre des vacances où la nouveauté des choses donnait le même repos que si l’on eût voyagé;
elle se montra glaciale à l’égard de ma tristesse, parce qu’elle la partageait.
«Je peux dire, approuvait le jeune valet de pied, que j’ai jamais vu ça!» Il le disait comme s’il avait tout vu et si en lui les enseignements d’une expérience millénaire s’étendaient à tous les pays et à leurs usages parmi lesquels ne figurait nulle part celui du pain grillé.
ce sont les oeuvres vraiment belles, si elles sont sincèrement écoutées, qui doivent le plus nous décevoir, parce que, dans la collection de nos idées, il n’y en a aucune qui réponde à une impression individuelle.
la vérité n’a pas besoin d’être dite pour être manifestée, et qu’on peut peut-être la recueillir plus sûrement sans attendre les paroles et sans tenir même aucun compte d’elles, dans mille signes extérieurs, même dans certains phénomènes invisibles, analogues dans le monde des caractères à ce que sont, dans la nature physique, les changements atmosphériques.
avec la désinvolture de quelqu’un qui, ayant cessé de penser à ce qu’il veut, a l’air de savoir ce qu’il veut,
Alors j’entendis le tic tac en un lieu fixe d’où il ne bougea plus. Je croyais l’entendre à cet endroit-là; je ne l’y entendais pas, je l’y voyais, les sons n’ont pas de lieu.
On est l’homme de son idée; il y a beaucoup moins d’idées que d’hommes, ainsi tous les hommes d’une même idée sont pareils.
Rien n’invite tant à s’approcher d’un être que ce qui en sépare, et quelle plus infranchissable barrière que le silence?
On pardonne les crimes individuels, mais non la participation à un crime collectif.
un plan incliné rapproche assez vite le désir de la jouissance pour que la seule beauté apparaisse déjà comme un consentement.
Nous travaillons à tout moment à donner sa forme à notre vie, mais en copiant malgré nous comme un dessin les traits de la personne que nous sommes et non de celle qu’il nous serait agréable d’être.
il était surpris de trouver souvent que la vie de chacun n’était pas organisée d’une façon permanente pour donner leur maximum d’utilité aux brusques élans de la sienne.
Mais on ne fait la somme des vices d’un être que quand il n’est plus guère en état de les exercer, et qu’à la grandeur du châtiment social, qui commence à s’accomplir et qu’on constate seul, on mesure, on imagine, on exagère celle du crime qui a été commis.
Mais la vraie beauté est si particulière, si nouvelle, qu’on ne la reconnaît pas pour la beauté.
Il y a des maux dont il ne faut pas chercher à guérir parce qu’ils nous protègent seuls contre de plus graves.
La fatigue est la réalisation organique d’une idée préconçue. Commencez par ne pas la penser. Et si jamais vous avez une petite indisposition, ce qui peut arriver à tout le monde, ce sera comme si vous ne l’aviez pas, car elle aura fait de vous, selon un mot profond de de M. de Talleyrand, un bien portant imaginaire.
Les gens de goût nous disent aujourd’hui que Renoir est un grand peintre du XVIIIe siècle. Mais en disant cela ils oublient le Temps et qu’il en a fallu beaucoup, même en plein XIXe, pour que Renoir fût salué grand artiste. Pour réussir à être ainsi reconnus, le peintre original, l’artiste original procèdent à la façon des oculistes. Le traitement par leur peinture, par leur prose, n’est pas toujours agréable. Quand il est terminé, le praticien nous dit: Maintenant regardez. Et voici que le monde (qui n’a pas été créé une fois, mais aussi souvent qu’un artiste original est survenu) nous apparaît entièrement différent de l’ancien, mais parfaitement clair. Des femmes passent dans la rue, différentes de celles d’autrefois, puisque ce sont des Renoir, ces Renoir où nous nous refusions jadis à voir des femmes. Les voitures aussi sont des Renoir, et l’eau, et le ciel: nous avons envie de nous promener dans la forêt pareille à celle qui le premier jour nous semblait tout excepté une forêt, et par exemple une tapisserie aux nuances nombreuses mais où manquaient justement les nuances propres aux forêts. Tel est l’univers nouveau et périssable qui vient d’être créé. Il durera jusqu’à la prochaine catastrophe géologique que déchaîneront un nouveau peintre ou un nouvel écrivain originaux.
Déjà la plus grande partie de sa pensée avait passé de son cerveau dans ses livres. Il était amaigri comme s’il avait été opéré d’eux.
A ce moment où ma grand mère était si mal, Françoise disparût à tout moment. C’est qu’elle s’était commandé une toilette de deuil et ne voulait pas faire attendre la couturière. Dans la vie de la plupart des femmes, tout, même le plus grand chagrin, aboutit à une question d’essayage.
Vivez tout à fait avec la femme et vous ne verrez plus rien de ce qui vous l’a fait aimer;
cet Hercule en «smoking» (puisqu’en France on donne à toute chose plus ou moins britannique le nom qu’elle ne porte pas en Angleterre),
Une sympathie est toujours précieuse. Ce qu’on ne peut pas faire seul dans la vie, parce qu’il y a des choses qu’on ne peut demander, ni faire, ni vouloir, ni apprendre par soi-même, on le peut à plusieurs et sans avoir besoin d’être treize comme dans le roman de Balzac, ni quatre comme dans les Trois Mousquetaires. Adieu.»